Les déchets radioactifs sont-ils une menace pour notre environnement? |
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Les effets nocifs de la radioactivité |
Le procédé de retraitement des déchets est utilisé malgré la connaissance de ses effets nocifs : en effet, il entraîne la dispersion de la radioactivité dans l’environnement, multipliant ainsi les cas de cancers, leucémies et malformations. On a vu qu’il existait trois types de déchets radioactifs
(les déchets A, à faible activité ; les déchets
B, à moyenne activité ; et les déchets C, à
haute activité) dont une partie est rejetée plus ou moins
délibérément dans l’environnement sous forme
d’effluents radioactifs liquides ou gazeux. Chacun de ces types de déchets est composé entre autre d’atomes ionisés. Ces atomes, qui sont la conséquence d’une irradiation, peuvent être à l’origine de différents types de perturbations dans l’organisme et dans le fonctionnement des molécules qu’ils constituent. Les dommages causés aux molécules peuvent entraîner des lésions cellulaires et d’autres dysfonctionnements dans l’organisme. L’organisme humain, qui est lui-même le siège d’une légère radioactivité, peut intégrer sans dommages certaines doses de radioactivité supplémentaires. Mais des doses excessives impliquent l’apparition d’anomalies sanitaires plus ou moins graves, en fonction de différents facteurs : la quantité de dose absorbée, le débit de dose absorbée (c’est-à-dire l’étalement de l’irradiation dans le temps), le type de rayonnement reçu (alpha, bêta +, bêta – ou gamma) et la nature des organes irradiés. On peut distinguer deux types d’exposition aux radiations : - Les expositions brusques, courtes et intensives dont les conséquences
sont quasi-immédiates
Les différents seuils de gravité: Les effets de la radioactivité sur l’organisme
dépendent de la dose reçue mais aussi de la durée
pendant laquelle cette dose a été reçue.
Il peut ne s’agir que de brûlures locales si l’irradiation est locale (comme la cataracte). Cependant, l’irradiation du corps entier, à forte dose (supérieure à 0,5 Gy ) entraîne un « syndrome d’irradiation aiguë » caractérisé par un ensemble d’effets déterministes affectant divers organes ou fonctions organiques et pouvant aller jusqu’à causer la mort. Les enfants en sont les plus sensibles : lors de la croissance, beaucoup de cellules sont en division, c’est à ce moment que les radiations peuvent le plus facilement toucher les molécules d’ADN.
- syndrome d’irradiation totale ou aiguë : en quelques heures s’installe le « mal des rayons » : le malade est prostré, hyper-fébrile avec vomissements et diarrhée. Le tissu critique est la moelle osseuse où se forment les cellules sanguines. Aucun effet n’est constaté pour une dose équivalent à 0,35 Sv. De 0, 3 à 1 Sv, il y a diminution temporaire du nombre de lymphocytes. Si la dose a été massive, l’irradié meurt rapidement dans un état de choc avec atteinte du système nerveux central. Si la dose est moins importante, il peut survivre mais il reste alors des dangers de contracter des maladies à longue échéance. - syndrome d’irradiation localisée : cet effet apparaît comme une complication d’une irradiation totale, ou succède à une irradiation limitée. Les tissus les plus sensibles sont les tissus reproducteurs, le cristallin et la peau. Il peut alors s’agir de lésions cutanées dont les effets varient en fonction de l’équivalent de dose : les érythèmes (rougeurs) pour une irradiation localisée de 4 à 7 Sv, les phlyctènes (cloques) pour une irradiation localisée de 7 à 10 Sv et les nécroses (mort d’une cellule ou d’un tissu) qui se manifeste par des ulcérations douloureuses, pour des doses supérieures à 12 Sv
Lorsqu’il est provoqué par une irradiation, il est radio-induit ; l’événement initiateur du cancer radio-induit se produit au niveau de l’ADN. Selon l’apport d’énergie au cours de l’ionisation, la molécule d’ADN peut subir différents types de dommages et se casser en un ou plusieurs endroits. La cellule fortement lésée peut provoquer sa propre mort en activant des « gènes suicides » : c’est la mort programmée (ou apoptose). Un seul événement est insuffisant pour entraîner le développement d’un cancer. D’autres facteurs (génétiques, environnementaux) favorisent la multiplication des cellules mutées et l’acquisition de nouvelles mutations menant au cancer. Il existe trois grandes sortes de cancers provoqués par la radioactivité
: - les cancers papillaires (au niveau d’organes sensoriels, d’où
partent les voies nerveuses sensitives, projetées dans les aires
cérébrales spécialisées). Ce sont les formes
les moins graves de cancers.
la glande thyroïde est située à la base du cou, au-dessus
du larynx, devant les premiers anneaux de la trachée. Elle est
constituée de cellules glandulaires, groupées en petites
vésicules, qui secrètent l’hormone thyroïdienne,
riche en iode. C’est pourquoi, lorsque l’on absorbe l’iode,
il se fixe en priorité sur la thyroïde. Lorsque l’on
parle de cancer de la thyroïde, il s’agit presque toujours
de cancer développé aux dépens des cellules des vésicules.
Ces cancers sont trois fois plus fréquents chez la femme que chez
l’homme. Les radiations peuvent aussi provoquer l’hypothyroïdie (diminution de la capacité de fonctionnement de la glande) qui entraîne le crétinisme chez l’enfant. Ces troubles fonctionnels sont plus fréquents que les cancers et nuisent au développement physique et intellectuel des enfants.
Le strontium 90 (*3) est à l’origine des leucémies ; c’est un rayon bêta donc difficile à capter. Il se fixe sur le surfaces osseuses et endommage la moelle osseuse. L’effet de contamination est aggravé par l’ingestion de nourriture contaminée.
· Les effets tératogènes : Ils peuvent être entraînés par l’exposition aux rayonnements de l’embryon et du fœtus. Ce sont des malformations (du squelette, de l’œil, du cerveau), des retards mentaux ou des troubles de croissance (diminution de la taille, du poids, du périmètre crânien)… qui surviennent en cas d’exposition importante de la mère pendant la grossesse. Dans un milieu contaminé en césium 137 (élément analogue au potassium, qui se fixe dans les muscles), les dommages liés à ce radio-nucléide débutent dès la vie intra-utérine. En effet, le placenta, hyperactif pendant toute la durée de la grossesse et qui joue un rôle de filtre entre le sang maternel et celui du fœtus, protège l’enfant à naître de cette intoxication. En tant que filtre, il accumule d’avantage de césium 137
que les tissus de la mère ; cette accumulation de molécules
toxiques et radioactives à proximité des cellules responsables
de la production d’hormones, explique en partie les anomalies constatées
au niveau de la production hormonale. Allaité au sein, le nouveau-né
verra sa radioactivité corporelle augmenter rapidement. Pendant toute leur enfance, les enfants élevés dans les régions proches d’une centrale nucléaire ou d’un centre dégageant des déchets radioactifs, accumuleront des radio-nucléides, en particulier du césium 137 contenu dans le lait, les légumes, etc. Ils sont souvent malades, souffrent d’hypotension et de troubles du rythme cardiaque provoqués par cette intoxication. · Les effets mutagènes : ils proviennent d’une lésion au niveau des chromosomes ou des gènes des cellules germinales des parents. Ainsi, toute mutation de l’ADN de ces cellules peut modifier les caractères génétiques de la descendance. L’irradiation des organes génitaux peut entraîner chez l’homme une stérilité temporaire (pour une dose reçue entre 2 et 6 Sv) ou définitive (pour une dose reçue supérieure à 8 Sv). Chez la femme, une telle irradiation provoque la stérilité pour un équivalent de dose qui diminue avec l’âge (12 Sv à 20 ans ; 5 Sv à 45 ans).
Ainsi, les principaux problèmes de l’environnement, propres
à l’industrie nucléaire, se situent au niveau des
usines de retraitement des combustibles irradiés (en effet, on
a pu remarquer que les enfants vivants près d’usines de retraitement
souffraient quatorze fois plus de leucémies et que les sols étaient
beaucoup plus radioactifs). Les noyaux des atomes des éléments radioactifs naturels
ou artificiels, en se désintégrant, émettent des
rayonnements. Ces rayonnements interagissent avec la matière environnante
dans laquelle ils perdent leur énergie. Ces rejets liquides et gazeux entraînent une accumulation de radioactivité dans l’environnement, impliquant un danger pour la nature et la population.Ainsi, en raison soit de la pollution des sols par des retombées radioactives, soit du rejet dans les eaux d’effluents dilués par des usines de retraitement, on a pu observer une concentration de ces éléments dans les sols et les chaînes alimentaires de l’homme. En effet, l’étude sur les retombées de l’accident de Tchernobyl, par exemple, a pu montrer qu’il y a eu contamination du lait et de la viande animale ; ainsi que la contamination des sols qui peut rendre certaines zones alors inhabitables pendant des décennies.
Toute radioactivité entraîne un risque. Même au-dessus des normes autorisées, elle présente un risque sur la santé. Il n’y a pas de seuil en-dessous duquel elle est vraiment inoffensive. Selon la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique) : « La limite des doses est largement, mais d’une façon erronée, considérée comme une ligne de démarcation, entre l’inoffensif et le dangereux ». La formation des limites de niveaux acceptable des rayonnements signifie l’acceptation d’un certain nombre de cancers ou de décès. Le taux de décès et de maladies résultant de l’irradiation est comparé au bénéfice du nucléaire pour la société, et admis au-dessous d’une limite convenue. schéma présentant les riques d'irradiation
dans l'nvironnement
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